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— Hein ?

— Voyons, mon cher, les fautes d’ortographe…

— Les fautes d’orthographe ?

— Crebleu ! mais elles sont voulues. Serait-il admissible que le secrétaire, que l’intendant du baron, fît des fautes d’orthographe et qu’il écrivît fuire avec un e final, ataque avec un seul t, enemies avec un seul n et prudance avec un a ? Moi, cela m’a frappé aussitôt. J’ai réuni les quatre lettres, et j’ai obtenu le mot ETNA, le nom du fameux cheval.

— Et ce seul mot a suffi ?

— Parbleu ! Il a suffi, d’abord, pour me lancer sur la piste de l’affaire Repstein, dont tous les journaux parlaient, et, ensuite, pour faire naître en moi l’hypothèse que c’était là le mot du coffre-fort, puisque, d’une part, Lavernoux connaissait le contenu macabre du coffre-fort, et que, de l’autre, il dénonçait le baron. Et c’est ainsi, également, que j’ai été conduit à supposer que Lavernoux avait un ami dans la rue, qu’ils fréquentaient tous deux le même café, qu’ils s’amusaient à déchiffrer les problèmes et les devinettes cryptographiques des journaux illustrés, et qu’ils s’ingéniaient à correspondre télégraphiquement d’une fenêtre à l’autre.

— Et voilà, m’écriai-je, c’est tout simple !

— Très simple. Et l’aventure prouve une fois de plus qu’il y a, dans la découverte des crimes, quelque chose de bien supérieur à l’examen des faits, à l’observation, déduction, raisonnement et autres balivernes, c’est, je le répète, l’intuition… l’intuition et l’intelligence… Et Arsène Lupin, sans se vanter, ne manque ni de l’une ni de l’autre. »