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vait ensuite le flanc d’un vallon escarpé, était bordé à gauche de taillis épais.

« Quel merveilleux endroit pour un guet-apens, dit-il. C’est un vrai coupe-gorge. »

Il s’arrêta, croyant entendre du bruit. Mais non, c’était un froissement de feuilles. Pourtant une pierre dégringola le long des pentes, rebondissant aux aspérités du roc. Mais, chose bizarre, rien ne l’inquiétait, il se remit à marcher. L’air vif de la mer arrivait jusqu’à lui par-dessus les plaines de la presqu’île, il s’en remplissait les poumons avec joie.

« Comme c’est bon de vivre ! se dit-il. Jeune encore, de vieille noblesse, multimillionnaire, qu’est-ce qu’on peut rêver de mieux, Lupin de Sarzeau-Vendôme ? »

À une petite distance, il aperçut, dans l’obscurité, la silhouette plus noire de la chapelle dont les ruines dominaient le chemin de quelques mètres. Des gouttes de pluie commençaient à tomber, et il entendit une horloge frapper neuf coups. Il hâta le pas. Il y eut une courte descente, puis une montée. Et, brusquement, il s’arrêta de nouveau.

Une main saisit la sienne.

Il recula, voulut se dégager.

Mais quelqu’un émergeait d’un groupe d’arbres qu’il frôlait, et une voix lui dit :

« Taisez-vous… Pas un mot… »

Il reconnut sa femme, Angélique.

« Qu’est-ce qu’il y a donc ? » demanda-t-il.

Elle murmura, si bas que les mots étaient à peine intelligibles :

« On vous guette… ils sont là, dans les ruines, avec des fusils…