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rai une première mise de deux millions, on verra de quoi je suis capable. Bonne nuit, mon cher, et si vous ne me revoyez pas… »

Il déclama :

« Plantez un saule au cimetière,
J’aime son feuillage éploré… »

Je m’éloignai aussitôt. Trois minutes plus tard, – et je continue le récit d’après celui qu’il voulut bien me faire le lendemain – trois minutes plus tard, Lupin sonnait à la porte de l’hôtel Repstein.

« M. le baron est-il chez lui ?

— Oui, répondit le domestique, en examinant cet intrus d’un air étonné, mais M. le baron ne reçoit pas à cette heure-ci.

— M. le baron connaît l’assassinat de son intendant Lavernoux ?

— Certes.

— Eh bien, veuillez lui dire que je viens à propos de cet assassinat, et qu’il n’y a pas un instant à perdre. »

Une voix cria d’en haut :

« Faites monter, Antoine. »

Sur cet ordre émis de façon péremptoire, le domestique conduisit Lupin au premier étage.

Une porte était ouverte au seuil de laquelle attendait un monsieur que Lupin reconnut pour avoir vu sa photographie dans les journaux, le baron Repstein, le mari de la fameuse baronne, et le propriétaire d’Etna, le cheval le plus célèbre de l’année.

C’était un homme très grand, carré d’épaules, dont la figure, toute rasée, avait une expression aimable, presque souriante, que n’atténuait pas la tristesse des yeux. Il portait des vêtements de