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La nuit était venue, nous dînâmes dans un petit restaurant et je remarquai que le visage de Lupin s’animait peu à peu. Ses gestes avaient plus de décision. Il retrouvait de la gaieté, de la vie. Quand nous partîmes, et durant le trajet qu’il me fit faire sur le boulevard Haussmann, vers le domicile du baron Repstein, c’était vraiment le Lupin des grandes occasions, le Lupin qui a résolu d’agir et de gagner la bataille.

Un peu avant la rue de Courcelles, notre allure se ralentit. Le baron Repstein habitait à gauche, entre cette rue et le faubourg Saint-Honoré, un hôtel à trois étages dont nous pouvions apercevoir la façade enjolivée de colonnes et de cariatides.

« Halte ! dit Lupin tout à coup.

— Qu’y a-t-il ?

— Encore une preuve qui confirme mon hypothèse…

— Quelle preuve ? Je ne vois rien.

— Je vois… Cela suffit… »

Il releva le col de son vêtement, rabattit les bords de son chapeau mou, et prononça :

« Crebleu ! le combat sera rude. Allez vous coucher, mon bon ami. Demain, je vous raconterai mon expédition si toutefois elle ne me coûte pas la vie.

— Hein ?

— Eh, eh ! je risque gros. D’abord, mon arrestation, ce qui est peu. Ensuite, la mort, ce qui est pis ! Seulement…

Il me prit violemment par l’épaule :

« Il y a une troisième chose que je risque, c’est d’empocher deux millions… Et quand j’au-