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Il vida la tasse d’un trait, sans trop savoir la raison de sa confiance subite.

« Habillez-vous… rapidement… » ordonna-t-elle, en se retirant du côté de la fenêtre.

Il obéit, et elle revint près de lui, car il était retombé sur une chaise, exténué.

« Il faut partir, il le faut, nous n’avons que le temps… Rassemblez toutes vos forces. »

Elle se courba un peu pour qu’il s’appuyât à son épaule, et elle le mena vers la porte et vers l’escalier.

Et Lupin marchait, marchait, comme on marche dans un rêve, dans un de ces rêves bizarres où il se passe les choses du monde les plus incohérentes, et qui était la suite heureuse du cauchemar épouvantable qu’il vivait depuis deux semaines.

Une idée cependant l’effleura. Il se mit à rire.

« Pauvre Ganimard ! Vraiment il n’a pas de veine. Je donnerais bien deux sous pour assister à mon arrestation. »

Après avoir descendu l’escalier, grâce à sa compagne qui le soutenait avec une énergie incroyable, il se trouva dans la rue, en face d’une automobile où elle le fit monter.

« Allez, » dit-elle au chauffeur.

Lupin, que le grand air et le mouvement étourdissaient, se rendit à peine compte du trajet et des incidents qui le marquaient. Il reprit toute sa connaissance chez lui, dans un des domiciles qu’il occupait, et gardé par un de ses domestiques auquel la jeune femme donnait des instructions.

« Va-t’en, » dit-il au domestique.