DIMBLEVAL, ironique. – Vous voudriez nous faire croire, peut-être, que vous êtes venu pour le collier ?
LUPIN, qui l’a remis. – Le voici, sur la table.
LE SOUS-CHEF. – Hein ?
DIMBLEVAL, s’approchant. – Voleur !
LUPIN. – Ingrat !
LE SOUS-CHEF. – Voyons ! Voyons ! le signalement parle d’un homme à barbe rousse. Ah ! ça !
LUPIN, montrant sa fausse barbe. – La barbe.
LE SOUS-CHEF. – C’est bien celle-là. Et l’agent que j’avais laissé en faction ?
LUPIN. – Oh ! il était si fatigué, je l’ai envoyé coucher.
LE SOUS-CHEF. – Ah ! ça, mais qui êtes-vous donc ?
LUPIN lui passe une carte. – Tiens-toi bien, gendarme.
DIMBLEVAL ET LE SOUS-CHEF, lisant. – Arsène Lupin !
LUPIN. – Mon Dieu, oui ! on fait ce qu’on peut ! (Le sous-chef court jusqu’à la porte du vestibule. Lupin s’incline devant Marceline, et vivement :) Mademoiselle, il va se passer ici des choses un peu brutales, le sang va couler, peut-être… ce n’est pas très joli… (Ouvrant la porte de la chambre.) Je vous en prie.
DIMBLEVAL, poussant sa fille. – Va ! (Elle s’arrête sur le seuil, hésite, et passe sans paraître voir Lupin. Il la suit des yeux. Elle sort.)
LUPIN, apostrophant Dimbleval. – Es-tu bien sûr d’être le père de ta fille ?
DIMBLEVAL. – Hein ! vous dites ?
LUPIN. – Je dis qu’il est matériellement impossible qu’un homme comme toi soit le père d’une fille comme elle (et puis brusquement, il se tourne vers le sous-chef) et maintenant, la rigolade. J’espère que tu n’es pas tout seul. (Il s’assoit sur la table et prépare une cigarette.)
LE SOUS-CHEF. – J’ai des hommes sur le toit. J’en ai d’autres au bas de cet escalier, ça n’est pas trop, si tu es Lupin. Le commissariat est prévenu, rends-toi.
LUPIN, prenant une cigarette. – La garde meurt… Et encore je dis ça parce que je suis poli.
LE SOUS-CHEF, braquant son revolver. – Rends-toi, je te dis.
LUPIN, face au revolver, et d’un signe de main. – Un peu plus à droite… encore… un peu plus haut !