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VII.

Midi vingt-trois

Le grand vestibule qui conduit de la rue Raynouard à la terrasse supérieure du jardin, et que remplit à demi un large escalier, divise l’hôtel Essarès en deux parties qui ne communiquent entre elles que par ce vestibule.

À gauche, le salon et la bibliothèque, à laquelle fait suite un corps de bâtiment indépendant, pourvu d’un escalier particulier. À droite, une salle de billard et la salle à manger, pièces plus basses de plafond et surmontées de chambres qu’occupaient Essarès bey du côté de la rue, et Coralie du côté du jardin.

Au-delà, l’aile des domestiques, où couchait également le vieux Siméon.

C’est dans la salle de billard qu’on pria Patrice d’attendre en compagnie du Sénégalais. Il était là depuis un quart d’heure, lorsque Siméon fut introduit ainsi que la femme de chambre.

Le vieux secrétaire semblait anéanti par la mort de son maître, et il pérorait tout bas, avec des airs bizarres. Patrice l’interrogea. Le bonhomme lui dit à l’oreille :

— Ce n’est pas fini… Il faut craindre des choses… des choses !… aujourd’hui même… tantôt…

— Tantôt ? fit Patrice.

— Oui… oui… affirma le vieux qui tremblait…

Il ne dit plus rien.

Quant à la femme de chambre, questionnée par Patrice, elle raconta :

— Tout d’abord, monsieur, ce matin, première surprise : plus de maître d’hôtel, plus de valet, plus de concierge. Tous trois partis. Puis, à six heures et demie, M. Siméon est venu nous dire, de la part de monsieur, que monsieur s’enfermait dans sa bibliothèque et qu’il ne fallait pas