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gistrats sans doute, lui faisaient obstacle, penchés sur quelque chose qu’il ne distinguait pas. De ce groupe sortit soudain Coralie, qui se dirigea vers lui en titubant et en battant l’air de ses mains. Sa femme de chambre la saisit par la taille et l’attira dans un fauteuil.

— Qu’y a-t-il ? demanda Patrice.

— Madame se trouve mal, répondit la femme de chambre, toujours affolée. Ah ! j’ai la tête perdue.

— Mais enfin quoi ?… Pour quelle raison ?

— C’est monsieur !… Pensez donc ! ce spectacle… Moi aussi, ça m’a révolutionnée.

— Quel spectacle ?

Un des messieurs quittant le groupe s’approcha.

Mme Essarès est souffrante ?

— Ce n’est rien, dit la femme de chambre… Une syncope… Madame est sujette à des faiblesses.

— Emmenez-la dès qu’elle pourra marcher. Sa présence est inutile.

Et, s’adressant à Patrice Belval d’un air d’interrogation :

— Mon capitaine ?…

Patrice affecta de ne pas comprendre.

— Oui, monsieur, dit-il, nous allons emmener Mme Essarès. Sa présence est inutile, en effet. Seulement je suis obligé tout d’abord…

Il fit un crochet pour éviter son interlocuteur et, profitant de ce que le groupe des magistrats s’était un peu desserré, il avança.

Ce qu’il vit alors lui expliqua l’évanouissement de Coralie et l’agitation de la femme de chambre. Lui-même sentit toute la peau de son crâne se hérisser devant un spectacle infiniment plus horrible que celui de la veille.