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le major m’a promis de m’enlever ce sinistre bandeau qui m’enveloppe la tête. Tu penses si cela me fait plaisir ! Une jambe de bois, soit, mais une tête enveloppée de linge, pour un amoureux ! Va, dépêche-toi. Et quand on sera prêt, en route pour l’ambulance. Maman Coralie ne peut pas me défendre de l’y retrouver !

Patrice était tout heureux. Ainsi qu’il le disait, une heure plus tard, à Ya-Bon, durant le trajet vers la porte Maillot, les ténèbres commençaient à se dissiper.

— Mais oui, mais oui, Ya-Bon, ça commence. Et voici où nous en sommes. D’abord, Coralie n’est pas en danger. Comme je l’espérais, la lutte se passe loin d’elle, sans doute entre les complices et à propos de leurs millions. Quant au malheureux qui m’a téléphoné et dont j’ai entendu les cris d’agonie, c’était évidemment un ami inconnu, puisqu’il m’appelait Patrice et me tutoyait. C’est lui, certainement, qui m’a envoyé la clef du jardin. Malheureusement, la lettre qui accompagnait l’envoi de cette clef a été égarée. Enfin, pressé par les événements, il allait tout me confier, lorsque l’attaque s’est produite. Qui l’a attaqué, dis-tu ? Probablement un des complices que ces révélations effrayaient. Voilà, Ya-Bon. Tout cela est d’une clarté aveuglante. Il se peut, d’ailleurs, que la vérité soit exactement le contraire de ce que j’avance. Mais, je m’en moque. L’essentiel, c’est de s’appuyer sur une hypothèse, vraie ou fausse. D’ailleurs, si la mienne est fausse, je me réserve d’en rejeter sur toi toute la responsabilité. À bon entendeur…

Après la porte Maillot, ils prirent une