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les paroles qu’échangeraient le mari et la femme.

Il resta cependant. Il avait peur pour Mme Coralie.

Ce fut Essarès qui engagea l’attaque.

— Eh bien, fit-il, qu’est-ce que tu as à me regarder ainsi ?

Elle murmura, contenant sa révolte :

— Alors, c’est vrai ? Je n’ai pas le droit de douter ?

Il ricana :

— Pourquoi mentirais-je ? Je n’aurais pas téléphoné devant toi si je n’avais pas été sûr que tu étais là, avant, dès le début.

— J’étais là-haut.

— Donc, tu as tout entendu ?

— Oui.

— Et tout vu ?

— Oui.

— Et, voyant le supplice qu’on m’infligeait, et entendant mes cris, tu n’as rien fait pour me défendre, pour me défendre contre la torture, contre la mort !

— Rien, puisque je savais la vérité.

— Quelle vérité ?

— Celle que je soupçonnais sans oser l’admettre.

— Quelle vérité ? répéta-t-il plus fortement.

— La vérité sur votre trahison.

— Tu es folle. Je ne trahis pas.

— Ah ! ne jouez pas sur les mots. En effet, une partie de cette vérité m’échappe, je n’ai pas compris tout ce que ces hommes ont dit, et ce qu’ils réclamaient de vous. Mais ce secret qu’ils voulaient vous arracher, c’est un secret de trahison.

Il haussa les épaules.