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Au même instant, la communication dut s’établir, car Essarès demanda :

— Le 40-39 ? Ah ! bien…

Il hésita. Évidemment, la présence de Coralie lui était extrêmement désagréable, et il allait dire des choses qu’elle n’aurait pas dû connaître. Mais l’heure pressait sans doute. Il prit son parti brusquement et prononça, en anglais, les deux récepteurs collés aux oreilles :

— C’est toi, Grégoire ?… C’est moi, Essarès… Allo… Oui, je te téléphone de la rue Raynouard… Ne perdons pas de temps… Écoute…

Il s’assit et continua :

— Voici. Mustapha est mort. Le colonel aussi… Mais, sacrebleu ! ne m’interromps pas, sans quoi nous sommes fichus…

»  Eh ! ouï, fichus, et toi aussi… Écoute, ils sont tous venus, le colonel, Bournef, toute la bande, et ils m’ont volé par force, par menace… J’ai expédié le colonel. Seulement il avait écrit à la préfecture, nous dénonçant tous. La lettre arrivera tantôt. Alors, tu comprends, Bournef et ses trois forbans vont se mettre à l’abri. Le temps de passer chez eux et de ramasser leurs papiers… Je calcule qu’ils seront chez toi dans une heure, deux heures au plus. C’est le refuge certain. C’est eux qui l’ont préparé sans savoir que nous nous connaissons, toi et moi. Donc, pas d’erreur possible. Ils vont venir…

Essarès se tut. Après avoir réfléchi, il poursuivit :

— Tu as toujours une double clef de chacune des pièces qui leur serviront de chambre ? Oui ?… Bien. Et tu as aussi en