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toute hâte une autre pièce et, ensuite, qui piétinaient les dalles sonores d’un vestibule.

— C’est maintenant, se dit-il. Essarès ou Siméon vont presser un bouton, et les coquins seront bouclés.

Essarès ne bougea pas.

Siméon ne bougea pas.

Le capitaine entendit tous les bruits de départ, le claquement de la porte cochère, la mise en marche du moteur, et enfin le ronflement de l’auto qui s’éloignait.

Et ce fut tout. Rien ne s’était produit. Les complices s’enfuyaient avec les quatre millions.

Un long silence suivit, durant lequel l’angoisse de Patrice persista. Il ne pensait pas que le drame eût atteint sa dernière phase, et il avait si peur des choses imprévues qui pouvaient encore survenir qu’il voulut signaler sa présence à Coralie.

Une circonstance nouvelle l’en empêcha. Coralie s’était levée.

Le visage de la jeune femme n’offrait plus la même expression d’effarement et d’horreur, mais peut-être Patrice fut-il plus effrayé de la voir soudain animée d’une énergie mauvaise qui donnait aux yeux un éclat inaccoutumé et crispait les sourcils et les lèvres. Il comprit que maman Coralie se disposait à agir.

Dans quel sens ? Était-ce là le dénouement du drame ?

Elle se dirigea vers le coin où était appliqué, de son côté, l’un des deux escaliers tournants, et descendit lentement, mais sans essayer d’assourdir le bruit de ses pas.

Inévitablement son mari l’entendait. Dans la glace, d’ailleurs, Patrice vit qu’il dressait la tête et qu’il la suivait des yeux. En bas, elle s’arrêta.

Il n’y avait point d’indécision dans son