Page:Leblanc - Le triangle d'or, paru dans Le Journal, du 20 mai au 26 juil 1917.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nière que les deux pieds débordassent. Puis ces deux pieds furent débarrassés de leurs bottines et de leurs chaussettes.

Le chef dit :

— Roulez !

Il y avait, entre deux des quatre fenêtres qui donnaient sur le jardin, une grande cheminée dans laquelle brûlait un feu de charbon tout rouge, blanc par place, tellement le foyer était incandescent.

Les hommes poussèrent le fauteuil et la chaise qui portaient la victime et l’approchèrent, ses pieds nus en avant, jusqu’à cinquante centimètres de ce brasier.

Malgré le bâillon, un cri de douleur jaillit, atroce, et, malgré les liens, les jambes réussirent à se recroqueviller sur elles-mêmes.

— Allez-y ! Allez-y ! Plus près ! proféra le chef exaspéré.

Patrice Belval saisit son revolver.

— Ah ! moi aussi, j’y vais, se dit-il, je ne laisserai pas ce malheureux…

Mais, à cette seconde précise, lorsqu’il était sur le point de se dresser et d’agir, le hasard d’un mouvement lui fit apercevoir le spectacle le plus extraordinaire et le plus imprévu.

C’était, en face de lui, et de l’autre côté de la salle par conséquent, sur la partie de balcon symétrique à celle qu’il occupait, c’était une tête de femme, une tête collée aux barreaux de la rampe, livide, épouvantée, et dont les yeux agrandis par l’horreur contemplaient éperdument l’effroyable scène qui se passait en bas, devant le brasier rouge.

Le capitaine avait reconnu maman Coralie.