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Il descendit, furieux.

— Crebleu, Ya-Bon, tu aurais pu me prévenir. Un peu plus tu me faisais taillader les mains. À quoi penses-tu ? En vérité, je me demande la raison pour laquelle tu as voulu à tout prix m’accompagner.

Il y eut un tournant. La ruelle n’étant plus éclairée devint tout à fait obscure, et le capitaine n’avançait qu’à tâtons.

La main du Sénégalais s’abattit sur son épaule.

— Que veux-tu, Ya-Bon ?

La main le poussa contre le mur. Il y avait à cet endroit le renfoncement d’une porte.

— Évidemment, dit-il, c’est une porte. T’imagines-tu que je ne l’avais pas vue ? Non, mais il n’y a que monsieur Ya-Bon qui ait des yeux !

Ya-Bon lui présenta une boîte d’allumettes. Il en alluma plusieurs, les unes à la suite des autres, afin d’examiner la porte.

— Qu’est-ce que je t’avais dit ? bougonna-t-il. Rien à faire. Du bois massif, renforcé de barres et de clous… Regarde, il n’y a pas de poignée de ce côté… tout juste un trou de serrure… Ah ! ce qu’il en faudrait une de clef, taillée exprès et faite sur mesure !… tiens, une clef du genre de celle qu’un commissionnaire a déposée tantôt pour moi à l’annexe.

Il se tut. Une idée absurde lui traversait le cerveau, et cependant, si absurde qu’elle fût, il se sentait incapable de résister au petit geste qu’elle lui suggérait.

Il revint donc sur ses pas. Cette clef, il l’avait sur lui. Il la tira de sa poche.

La porte fut éclairée de nouveau. Le trou de la serrure apparut. Du premier coup, le capitaine introduisit la clef. Il fit