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— Ma foi oui, dit Patrice en riant, ou même par quelque sous-marin.

— Un sous-marin dans la Seine ?

— Pourquoi pas ? Je ne crois pas qu’il y ait de limite aux ressources et à la volonté de mon ami.

Mais, ce qui acheva de stupéfier M. Desmalions, ce fut la découverte, sur la table, d’une lettre qui portait son adresse, la lettre que don Luis Perenna y avait déposée au début de son entretien avec Patrice Belval.

— Il savait donc que je viendrais ici ? Il avait donc prévu, avant même notre entrevue, que je réclamerais de lui certaines formalités ?

La lettre contenait ces mots :

« Monsieur,

« Excusez mon départ, et croyez que de mon côté je comprenais fort bien le motif qui vous amène ici. Ma situation, en effet, n’est pas régulière, et vous êtes en droit de me demander des explications. Les explications, je vous les donnerai, un jour ou l’autre, j’en prends l’engagement. Vous verrez alors que, si je sers la France à ma manière, cette manière n’est pas la plus mauvaise, et que mon pays me devra quelque reconnaissance pour les services immenses, j’ose dire le mot, que je lui aurai rendus pendant cette guerre. Le jour de cette entrevue, monsieur, je veux que vous me remerciiez. Vous serez à cette époque — car je connais votre ambition secrète — préfet de police. Peut-être même me sera-t-il possible de contribuer personnellement à une nomination que je juge méritée. Je m’y emploie dès maintenant. Agréez, etc… »

M. Desmalions resta silencieux assez longtemps. Puis il prononça :