nécessaire de dépayser un peu pour l’instant. Et voilà, mon capitaine. Tout cela en trois heures. Quand l’auto du docteur me ramena à la clinique, Essarès y arrivait en même temps que moi pour s’y faire soigner. Je le tenais.
Don Luis se tut.
Aucune parole n’était plus nécessaire entre les deux hommes. L’un avait rendu à l’autre les plus grands services que l’on pût rendre à quelqu’un, et cet autre savait que c’étaient là des services à propos desquels il n’est point de remerciement. Et il savait aussi que l’occasion ne lui serait jamais offerte de prouver sa reconnaissance. Don Luis était en quelque sorte au-dessus de ces preuves-là par le seul fait qu’elles étaient impossibles. Comment rendre service à un homme comme lui, qui disposait de telles ressources, et qui accomplissait des miracles avec la même aisance que l’on accomplit les petits actes de la vie quotidienne ?
De nouveau, Patrice lui serra les mains fortement, sans un mot.
Don Luis accepta l’hommage de cette émotion silencieuse et dit :
— Si jamais on parle d’Arsène Lupin devant vous, défendez-le, mon capitaine, il le mérite.
Et il ajouta en riant :
— C’est drôle, mais, avec l’âge, je tiens à ma réputation. Le diable se fait ermite.
Il tendit l’oreille et, au bout d’un moment, prononça :
— Mon capitaine, c’est l’heure de la séparation. Présentez mes respects à maman Coralie. Je ne l’aurai, pour ainsi dire, pas connue, maman Coralie, et elle ne me connaîtra pas. Cela vaut mieux, peut-être. Au revoir, mon capitaine.