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— En temps de paix, peut-être. Mais en temps de guerre, c’est une chose inacceptable !

— Bah ! monsieur le Président, on fera bien une exception pour moi.

— Oh ! oh ! une exception…

— Admettons que ce soit la récompense que je demande, me la refusera-t-on ?

— C’est la seule que l’on soit contraint de vous refuser. Mais d’ailleurs, vous ne la demanderez pas. Un bon citoyen comme vous comprend les exigences auxquelles chacun doit se soumettre.

— Je comprends très bien les exigences dont vous parlez, monsieur le Président. Malheureusement…

— Malheureusement ?…

— Je n’ai pas l’habitude de m’y soumettre.

Il y avait un peu de défi dans l’intonation de don Luis. Valenglay sembla ne pas le remarquer et dit en riant :

— Mauvaise habitude, monsieur, et dont vous voudrez bien vous départir pour une fois. M. Desmalions vous aidera. N’est-ce pas, mon cher Desmalions, entendez-vous avec monsieur à ce propos. Au ministère, dans une heure, hein ? Je compte absolument sur vous. Sinon… Au revoir, monsieur. Je vous attends.

Et après un salut fort aimable, tout en faisant d’allègres moulinets avec sa canne, Valenglay s’éloigna vers l’automobile, conduit par M. Desmalions.

— À la bonne heure, ricana don Luis, voilà un type costaud ! En un tournemain, il a accepté trois cents millions d’or, signé un traité historique, et décrété l’arrestation d’Arsène Lupin.