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— Ah ! vous me connaissez, monsieur, dit le nouveau venu.

M. le ministre Valenglay, n’est-ce pas, monsieur le Président ? J’ai eu l’honneur d’être reçu par vous, il y a quelques années, alors que vous étiez président du Conseil[1].

— Oui, en effet !… je croyais bien me souvenir… quoique je ne pourrais préciser…

— Ne cherchez pas, monsieur le Président. Le passé n’a pas d’intérêt. Ce qui importe, c’est que vous soyez de mon avis.

— Je ne sais pas si je suis de votre avis. Mais j’estime que cela ne signifie rien. Et c’est ce que je vous disais, mon cher Desmalions. Il ne s’agit pas de savoir si vous devez discuter les propositions de monsieur. En l’occurrence, il n’y a pas de marché. Dans un marché, chacun apporte quelque chose. Nous, nous n’apportons absolument rien… tandis que monsieur apporte tout, et il nous déclare : « Voulez-vous trois cents millions d’or ? Si oui, voici ce que vous ferez. Si non, bonsoir. » Telle est la situation exacte, n’est-ce pas, Desmalions ?

— Oui, monsieur le Président.

— Eh bien, pouvez-vous vous passer de monsieur ? Pouvez-vous, sans monsieur, trouver la cachette de l’or ? Remarquez qu’il vous fait la partie belle, puisqu’il vous amène sur le terrain même et qu’il vous indique presque l’emplacement. Est-ce suffisant ? Espérez-vous découvrir le secret que vous cherchez depuis des semaines, depuis des mois ?

M. Desmalions fut très franc. Il n’eut pas une hésitation.

— Non, monsieur le Président, dit-il nettement, je ne l’espère plus.

— Alors ?…

Et se retournant vers don Luis, Valenglay demanda :

  1. Voir 813. Aventures d’Arsène Lupin.