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— Les Russes n’ont plus de munitions.

M. Desmalions haussa les épaules, impatienté. Que venait faire cette histoire, ce conte à dormir debout ?

— Les Russes n’ont plus de munitions, répéta don Luis. Or, il se livre là-bas une bataille formidable qui, dans quelques heures sans doute, aura son dénouement. Le front russe sera percé, et les armées russes reculeront, reculeront… jusqu’où ? Évidemment, cette éventualité… certaine, inévitable, ne peut influer en rien sur les volontés de la grande puissance dont nous parlons. Mais néanmoins, il y a chez elle tout un parti neutraliste acharné, violent. Quelle arme on lui laisse prendre en reculant l’accord ! Dans quel embarras vous mettez ceux qui dirigent et qui préparent la guerre ! Ce serait là une faute impardonnable. Je veux l’éviter à mon pays. C’est pourquoi j’ai posé cette condition.

M. Desmalions était tout déconfit. Il gesticulait. Il hochait la tête. Il marmottait :

— C’est impossible. Jamais une pareille condition ne sera acceptée. Il faut du temps… des négociations…