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Cette puissance nous demande un prêt de trois cents millions d’or, tout en laissant entendre d’ailleurs qu’un refus de notre part ne changerait rien à une décision qui est d’ores et déjà arrêtée irrévocablement. Eh bien ! ces trois cents millions d’or, je les ai, j’en suis le maître, et j’en dispose en faveur de nos amis nouveaux. Telle est ma dernière, et en réalité mon unique condition.

M. Desmalions semblait abasourdi. Qu’est-ce que tout cela signifiait ? Quel était ce personnage ahurissant qui paraissait jongler avec les problèmes les plus graves et disposer de solutions personnelles pour la fin du grand conflit mondial.

Il répliqua :

— Mais enfin, monsieur, ce sont là des affaires tout à fait en dehors de nous, et qui doivent être examinées et traitées par d’autres que nous.

— Chacun a le droit d’utiliser son argent à sa guise.

M. Desmalions eut un geste désolé.

— Voyons, réfléchissez, monsieur, vous avez dit vous-même que cette puissance ne présentait la question que comme secondaire.

— Oui, mais le fait seul de la discuter retardera l’accord de quelques jours.

— Eh bien, on n’en est pas à quelques jours près !

— On n’en est à quelques heures près, monsieur.

— Mais enfin, pourquoi ?

— Pour une raison que vous ignorez, monsieur, et que tout le monde ignore ici… sauf moi, et quelques personnes à cinq cents lieues d’ici.

— Laquelle ?