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XX.

Que la lumière soit !

Le soir de ce même jour, Patrice faisait les cent pas sur le quai de Passy. Il était près de six heures. De temps à autre, un tramway passait, ou quelque camion. Très peu de promeneurs, Patrice se trouvait à peu près seul.

Il n’avait pas revu don Luis Perenna depuis le matin. Il avait simplement reçu un mot par lequel don Luis le priait de faire transporter Ya-Bon à l’hôtel Essarès et de se rendre ensuite au-dessus du chantier Berthou.

L’heure du rendez-vous approchait, et Patrice se réjouissait de cette entrevue, où toute la vérité allait enfin lui être révélée. Cette vérité, il la devinait en partie, mais que de ténèbres encore ! Que de problèmes insolubles ! Le drame était fini. Le rideau tombait sur la mort du bandit. Tout allait bien. Il n’y avait plus rien à redouter, plus de pièges à craindre. Le formidable ennemi était abattu. Mais avec quelle anxiété intense Patrice Belval attendait le moment où, sur ce drame, la lumière se déverserait à flots !

- Quelques paroles, se disait-il, quelques paroles de cet invraisemblable individu qui s’appelle Lupin, et le mystère sera éclairci. Avec lui, ce sera bref. Dans une heure il doit partir.

Et Patrice se demandait :

- Partira-t-il avec le secret de l’or ? Résoudra-t-il pour moi le problème du triangle ? Et cet or, comment le gardera-t-il pour lui ? Comment l’emportera-t-il ?

Une automobile arrivait du Trocadéro. Elle ralentit, puis s’arrêta le long du trottoir. Ce devait être don Luis.

Mais à son grand étonnement, Patrice reconnut M. Desmalions, qui ouvrait la portière et qui venait à sa rencontre, la main tendue :

— Eh bien, mon capitaine, comment ça