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pitié de son adversaire, et celui-ci, arrêté dans son élan, fut troublé et regarda longuement cet homme à qui l’attachaient des liens mystérieux et inexpliqués.

Il prononça, les poings toujours levés :

— Coralie !… Coralie !… Dis-moi où elle est, et tu auras la vie sauve.

Le vieux tressauta ; sa haine, fouettée par le souvenir de Coralie, pour faire du mal, retrouvait de l’énergie, et il répondit avec un rire cruel :

— Non, non… Sauver Coralie ? Non, j’aime mieux mourir. Et puis, la cachette de Coralie, c’est celle de l’or… Non, jamais, autant mourir…

— Tue-le donc, mon capitaine, intervint don Luis, tue-le donc, puisqu’il aime mieux cela.

De nouveau l’idée du meurtre immédiat et de la vengeance empourprait d’un flot de sang le visage de l’officier. Mais la même hésitation suspendit le choc.

— Non, non, fit-il à voix basse, non, je ne peux pas…

— Pourquoi donc ? insista don Luis… C’est si facile ! Allons ! Tords-lui le cou comme à un poulet.

— Je ne peux pas.

— Pourquoi ? Est-ce que ça te fait quelque chose de l’étrangler ? Ça te dégoûte ! Pourtant, si c’était un Boche, sur le champ de bataille…

— Oui, mais cet homme…

— Ce sont tes mains qui refusent, peut-être ? L’idée d’empoigner cette chair et de la serrer ?… Tiens, capitaine, prends mon revolver, et fais-lui sauter la cervelle.

Patrice saisit l’arme avidement et la bra-