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tait, le temps de constater le détail accusateur.

Enfin, il prononça :

— Vous êtes Siméon Diodokis…

L’autre ne protesta pas. Tous ces incidents s’enchaînaient d’une façon si étrange, et à la fois si naturelle, qu’il sentait l’inutilité des mensonges.

Le docteur Géradec fit un grand geste et déclara :

— Voilà précisément ce que j’avais prévu. La situation n’est plus du tout telle que vous la présentiez. Il ne s’agit plus de balivernes, mais d’une chose fort grave et terriblement dangereuse pour moi.

— Ce qui veut dire ?

— Ce qui veut dire que le prix n’est plus le même.

— Combien, alors ?

— Un million.

— Ah ! non, non ! s’exclama Siméon avec violence ! non ! Et puis je n’ai pas touché à Mme Mosgranem. Moi-même, j’étais attaqué par celui qui l’a étranglée, et c’est le même individu, un nègre appelé Ya-Bon, qui m’a rejoint et qui m’a saisi à la gorge.

Le docteur lui saisit le bras.

— Répétez ce nom. C’est bien Ya-Bon que vous avez dit ?

— Certes, un Sénégalais, mutilé d’un bras.

— Et il y a eu combat entre ce Ya-Bon et vous ?

— Oui.

— Et vous l’avez tué ?

— Je me suis défendu.

— Soit. Mais vous l’avez tué ?

— C’est-à-dire…

Le docteur haussa les épaules en souriant.

— Écoutez, monsieur, la coïncidence est curieuse. En sortant de la péniche, j’ai rencontré une demi-douzaine de soldats mutilés, qui m’ont adressé la parole. Ils cher-