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mène une vie fort dangereuse, qu’elle se méfie de l’homme auquel sa fortune est associée, et qu’elle voudrait me demander conseil.

— Alors… alors… vous y êtes allé ?

— J’y suis allé.

— Mais quand ?

— Ce matin. J’y étais, pendant que vous téléphoniez ici. Malheureusement…

— Malheureusement ?…

— Je suis arrivé trop tard.

— Trop tard ?…

— Oui, le sieur Grégoire, ou plutôt Mme Mosgranem était morte.

— Morte !

— On l’avait étranglée.

— C’est effrayant, dit Siméon, qui paraissait repris d’étouffements. Et vous n’en savez pas plus long ?

— Plus long sur quoi ?

— Sur l’homme dont elle parlait.

— L’homme dont elle se défiait ?

— Oui.

— Si, si, elle m’a écrit son nom dans cette lettre. C’est un Grec qui se faisait appeler Siméon Diodokis. Elle me donnait même son signalement… que j’ai lu sans trop d’attention.

Il déplia la lettre et jeta les yeux sur la seconde page en marmottant :

— Un homme assez vieux… cassé… qui porte un cache-nez… qui porte toujours un cache-nez et de grosses lunettes jaunes.

Le docteur Géradec interrompit sa lecture et regarda Siméon d’un air stupéfait. Tous deux restèrent un moment sans souffler mot. Puis le docteur répéta machinalement :

— Un homme assez vieux… cassé… qui porte un cache-nez… et de grosses lunettes jaunes…

Après chaque bout de phrase, il s’arrê-