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— Vous avez entièrement raison.

— Donc, je reprends votre question : Nous sommes d’accord ?

— Nous sommes d’accord. Peut-être cependant — et c’est ma dernière observation — auriez-vous pu traiter plus doucement un ami de Mme Mosgranem.

— Comment savez-vous que je l’ai traitée d’autre façon que vous ? demanda le docteur. Vous avez des renseignements à ce propos ?

Mme Mosgranem m’a avoué elle-même que vous ne lui aviez rien pris.

Le docteur eut un sourire un peu fat, et murmura :

— Je ne lui ai rien pris, en effet, mais elle m’a peut-être beaucoup donné. Mme Mosgranem était une de ces jolies femmes dont les faveurs se comptent à prix élevé.

Un silence suivit ces paroles. Le vieux Siméon semblait de plus en plus mal à l’aise en face de son interlocuteur. Enfin celui-ci insinua :

— Mon indiscrétion paraît vous être désagréable. Y avait-il entre Mme Mosgranem et vous un de ces liens de tendresse ?… En ce cas, excusez-moi… D’ailleurs, tout cela, n’est-ce pas, cher monsieur, n’a plus du tout d’importance après ce qui vient de se passer.

Il soupira :

— Pauvre Mme Mosgranem !

— Pourquoi parlez-vous d’elle ainsi ? interrogea Siméon.

— Pourquoi ? Mais justement à cause de ce qui vient de se passer.