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— Qu’importe !…

— Oh ! ne dis pas cela, Patrice !… L’or ! tout est là ! Depuis que cet or est à moi, ma vie a changé. Le passé ne compte plus… ni la haine… ni l’amour… il n’y a que l’or… les sacs d’or. J’aimerais mieux mourir et que Coralie meure… et que le monde entier disparaisse…

— Enfin, quoi, que veux-tu ? Qu’exiges-tu ?

Patrice avait pris les deux bras de cet homme, qui était son père, et qu’il n’avait jamais détesté avec plus de violence. Il le suppliait de tout son être. Il eût versé des larmes s’il avait pu croire que le vieillard se laissât troubler par des larmes.

— Que veux-tu ?

— Ceci. Écoute. Il est là, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Dans l’atelier ?

— Oui.

— En ce cas… il ne faut pas qu’il en sorte…

— Comment !

— Non… Tant que nous n’aurons pas fini, il faut qu’il reste là, lui.

— Mais…

— C’est simple. Comprends-moi bien. Tu n’as qu’un geste à faire… la porte à fermer sur lui… La serrure a été forcée, mais il y a les deux verrous et ça suffira… Tu comprends ?

Patrice se révolta.

— Mais vous êtes fou ! Je consentirais, moi !… Un homme qui m’a sauvé la vie… qui a sauvé Coralie !

— Mais qui la perd maintenant. Réfléchis… S’il n’était pas là, s’il ne se mêlait pas de cette affaire… Coralie serait libre… Tu acceptes ?

— Non.

— Pourquoi ? Cet homme, tu sais qui c’est ? Un bandit… un misérable, qui n’a