Page:Leblanc - Le triangle d'or, paru dans Le Journal, du 20 mai au 26 juil 1917.djvu/286

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à ses promesses le plus petit crédit. Il en résulte…

— Il en résulte ?…

— Ceci, mon capitaine, c’est que l’honorable M. Siméon va vous proposer un marché… qui peut s’énoncer de la sorte : « Je te donne Coralie, mais je garde l’or. »

— Et après ?

— Après ? Ce serait parfait si vous étiez seul avec cet honorable gentleman. Le marché serait vite conclu. Mais il y a moi… et dame !

Patrice s’était dressé. Il s’avança vers don Luis et prononça d’une voix qui devenait nettement agressive :

— Je présume que, vous non plus, vous n’y mettrez aucune opposition ? Il s’agit de la vie d’une femme.

— Évidemment. Mais, d’autre part, il s’agit de trois cents millions.

— Alors vous refusez ?

— Si je refuse !

— Vous refusez, quand cette femme agonise ! Vous préférez qu’elle meure !… Mais enfin, vous oubliez que cela me regarde… que cette affaire… que cette affaire…

Les deux hommes étaient debout l’un contre l’autre. Don Luis gardait ce calme un peu narquois et cet air d’en savoir davantage qui irritaient Patrice. Au fond, Patrice, tout en subissant la domination de don Luis, concevait de l’humeur et sentait quelque embarras à se servir d’un collaborateur dont il connaissait le passé. Il serra les poings et scanda :

— Vous refusez ?

— Oui, dit don Luis, toujours tranquille. Oui, mon capitaine, je refuse ce marché que je trouve absurde… Vrai marché de dupe. Bigre ! Trois cents millions… abandonner une pareille aubaine ! Jamais de la vie ! Mais, toutefois, je ne refuse nullement de vous laisser en tête-à-tête avec