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droit de vous exposer ainsi… je vous en prie, réfléchissez…

Elle le repoussa. Et c’est alors qu’il se produisit par hasard un étrange incident. Dans le mouvement qu’elle fit, un petit sac qu’elle avait placé sur la cheminée fut heurté et tomba sur le tapis. Mal fermé, il s’ouvrit. Deux ou trois objets en sortirent, qu’elle ramassa, tandis que Patrice Belval se baissait rapidement.

— Tenez, dit-il, il y a encore ceci.

C’était un étui, un petit étui en paille tressée que le choc avait ouvert également et d’où s’échappaient les grains d’un chapelet.

Debout, ils se turent tous deux. Le capitaine examinait le chapelet. Et il murmura :

— Curieuse coïncidence… ces grains d’améthyste… cette monture ancienne en filigrane d’or… C’est étrange de retrouver le même travail et la même matière…

Il tressaillit, et si nettement que la jeune femme interrogea :

— Qu’y a-t-il donc ?

Il tenait entre ses doigts un des grains, plus gros que les autres et auquel se réunissaient, d’une part, le collier des dizaines et, de l’autre, la courte chaîne des prières. Or, ce grain-là était cassé par le milieu, presque au ras des griffes d’or qui l’enchâssaient.

— Il y a, dit-il, il y a que la coïncidence est si inconcevable que j’ose à peine… Cependant, je pourrais vérifier le fait sur-le-champ… Mais auparavant un mot : qui vous a donné ce chapelet ?…

— Personne ne me l’a donné, dit-elle. Je l’ai toujours eu.