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— Je ne m’étais pas trompé.

Aussitôt il s’élança. :

Devant la porte du vestibule gisaient les corps des deux adversaires, entrelacés et confondus. Ya-Bon avait à la tête une blessure affreuse dont le sang lui coulait sur tout le visage. De sa main droite, il tenait Siméon à la gorge.

Don Luis se rendit compte aussitôt que Ya-Bon était mort. Siméon Diodokis vivait.



XVII.

Siméon livre bataille

Il leur fallut du temps pour desserrer l’étreinte de Ya-Bon. Même mort, le Sénégalais ne lâchait pas sa proie, et ses doigts durs comme du fer, armés d’ongles acérés comme des griffes de tigre, entraient dans le cou de l’ennemi qui râlait, évanoui et sans forces.

Sur le pavé de la cour, on voyait le revolver de Siméon.

— Tu as eu de la veine, vieux brigand, fit don Luis à voix basse, que Ya-Bon n’ait pas eu le temps de te serrer la vis avant ton coup de feu. Mais ne rigole pas trop. Il t’aurait peut-être épargné… tandis que, Ya-Bon mort, tu peux écrire à ta famille et retenir ton fauteuil à l’enfer. De profundis, Diodokis. Tu ne fais plus partie de ce monde.

Et il ajouta avec émotion :

— Pauvre Ya-Bon, il m’avait sauvé d’une mort affreuse, un jour, en Afrique… et il meurt aujourd’hui, sur mon ordre, pour ainsi dire… Mon pauvre Ya-Bon !