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horrible ! Mon Dieu, quelles ténèbres !

— Au contraire, dit don Luis, les ténèbres se dissipent un peu, et je vous avouerai que notre conversation avec M. Vacherot m’a donné quelque lueur.

— Est-ce possible ?…

Mais dans le cerveau tumultueux de Patrice les idées chevauchaient les unes sur les autres.

Il s’arrêta subitement.

— Siméon va peut-être retourner dans la loge ?… Et nous n’y serons plus ! Il va peut-être ramener Coralie ?

— Non, affirma don Luis, ce serait déjà fait, s’il avait pu le faire. Non, c’est à nous d’aller vers lui.

— Mais de quel côté ?

— Eh ! mon Dieu ! du côté où toute la bataille s’est livrée… Du côté de l’or. Toutes les opérations de l’ennemi tournent autour de cet or, et soyez sûr que, même en retraite, il ne peut s’en écarter beaucoup. D’ailleurs, nous savons qu’il n’est pas bien loin du chantier Berthou.

Sans un mot, Patrice se laissa mener. Mais brusquement don Luis s’écria :

— Vous avez entendu ?

— Oui, une détonation.

Ils se trouvaient à ce moment sur le point de déboucher dans la rue Raynouard. La hauteur des maisons les empêchait de discerner l’endroit exact où le coup de feu avait été tiré, mais approximativement cela venait de l’hôtel Essarès ou des environs de cet hôtel. Patrice s’inquiéta :

— Serait-ce Ya-Bon ?

— J’en ai peur, fit don Luis, et comme Ya-Bon ne tire pas, ce serait contre lui qu’on a tiré… Ah ! crebleu, si mon pauvre Ya-Bon succombait…

— Et si c’était contre elle, contre Coralie ! murmura Patrice.