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— Cet Armand Belval a pourtant été victime du même assassinat que celle qu’il aimait, que la mère de Coralie Essarès ?

— Oui, mais la mère de Coralie Essarès est morte. Lui n’est pas mort.

— C’était le 14 avril 1895.

— Le 14 avril 1895.

Patrice saisit don Luis par le bras.

— Venez, balbutia-t-il. Coralie agonise. Le monstre l’a enterrée. Cela seul compte.

Don Luis répondit :

— Ce monstre, vous ne croyez donc pas que c’est votre père ?

— Vous êtes fou !

— Cependant, mon capitaine, vous tremblez…

— Peut-être… peut-être… mais à cause de Coralie !… Je n’entends même pas ce que dit cet homme ! Ah ! quel cauchemar que de telles paroles ! Qu’il se taise ! Qu’il se taise ! J’aurais dû l’étrangler !

Il s’affaissa sur une chaise, les coudes sur la table et la tête entre les mains. Vraiment, l’instant était effroyable, et nulle catastrophe ne pouvait bouleverser un homme plus profondément.

Don Luis le regarda avec émotion, puis, s’adressant au concierge, il dit :

— Expliquez-vous, monsieur Vacherot. En quelques mots, n’est-ce pas ? Aucun détail. Plus tard, on verra. Donc, le 14 avril 1895…

— Le 14 avril 1895, un clerc de notaire, accompagné du commissaire de police, vint commander chez mon patron, tout près d’ici, deux cercueils à livrer aussitôt faits. Tout l’atelier se mit à l’œuvre. À dix heures du soir, le patron, un de mes camarades et