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— Vous êtes son fils.

Toute la fureur de Patrice, toute son angoisse à l’idée que Coralie était au pouvoir de Siméon ou bien gisait au fond de quelque trou, toute son impatience douloureuse, toutes ses terreurs, tout cela fit place pour un moment à une gaieté formidable qui s’exprima par des éclats de rire.

— Le fils de Siméon ! Qu’est-ce que tu chantes ! Ah ! celle-là est drôle ! Vrai, tu en as de bonnes pour le sauver, vieux bandit ! Parbleu, c’est commode. « Ne tue pas cet homme, c’est ton père. » Mon père, l’immonde Siméon ! Siméon Diodokis, le père du capitaine Belval ! Non, c’est à se tenir les côtes.

Don Luis avait écouté silencieusement. Il fit un signe à Patrice et dit :

— Mon capitaine, voulez-vous me permettre de débrouiller cette affaire-là ? Quelques minutes suffiront, et cela ne nous retardera pas. Au contraire.

Et, sans attendre la réponse de l’officier, il se pencha sur le bonhomme, auquel il demanda lentement :

— Expliquons-nous, monsieur Vacherot. Nous y avons tout intérêt. Il s’agit seulement d’être net et de ne pas se perdre en phrases superflues. Vous en avez trop dit, d’ailleurs, pour ne pas aller jusqu’au bout de votre révélation. Siméon Diodokis n’est pas le nom véritable de votre bienfaiteur, n’est-ce pas ?

— En effet.

— Il s’appelle Armand Belval et celle qui l’aimait l’appelait Patrice Belval.

— Oui, comme son fils à lui.