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temps, avant de mourir, de lui dire où Siméon se réfugiait ?

— Comment le savoir ?

— C’est ce que je cherche depuis que nous bavardons, mon capitaine… et c’est ce que je viens de découvrir.

— Ici ?

— À l’instant, et je n’attendais pas moins de Ya-Bon. Cette femme lui a indiqué un endroit de la cabine — tenez, sans doute ce tiroir, laissé ouvert — où se trouvait une carte de visite portant une adresse. Ya-Bon l’a prise, cette carte, et, pour me prévenir, l’a épinglée sur ce rideau. Je l’avais déjà vue mais c’est seulement à la minute que j’ai remarqué l’épingle qui la tenait. Une épingle en or avec laquelle j’ai moi-même accroché sur la poitrine de Ya-Bon la croix du Maroc.

— Et cette adresse ?

— Amédée Vacherot, 18, rue Guimard. La rue Guimard est toute proche, ce qui confirme le renseignement.

Ils s’en allèrent aussitôt, laissant le cadavre de la femme. Comme le dit don Luis, la police se débrouillerait.

En traversant le chantier Berthou, ils jetèrent un coup d’œil dans le réduit, et don Luis remarqua :

— Il manque une échelle. Retenons ce détail. Siméon a dû passer par là, et Siméon commence, lui aussi, à faire des gaffes.

L’auto les conduisit rue Guimard, petite rue de Passy dont le numéro 18 est une vaste maison de rapport, de construction déjà ancienne et à la porte de laquelle ils sonnèrent, à deux heures du matin.

On mit longtemps à leur ouvrir et lorsqu’ils franchirent la voûte cochère le concierge sortit la tête de sa loge.

— Qui est là ?