Page:Leblanc - Le triangle d'or, paru dans Le Journal, du 20 mai au 26 juil 1917.djvu/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Alors, allons-nous-en, s’écria Patrice déjà prêt à la lutte. Courons à l’ennemi.

— Pas encore, dit don Luis, qui continuait à chercher autour de lui. Écoutez-moi. Voici ce que je sais, mon capitaine, et je vous le dirai sèchement, sans essayer de vous éblouir par mes déductions, sans même vous dire les toutes petites choses qui me servent de preuves. La réalité toute nue. Un point, c’est tout. Donc…

— Donc ?

— Maman Coralie est venue à neuf heures au rendez-vous. Siméon s’y trouvait avec sa complice. À eux deux, ils l’ont attachée et bâillonnée, et ils l’ont portée jusqu’ici. Remarquez qu’à leurs yeux la retraite était sûre, puisque, selon toute certitude, vous et moi n’avions pas découvert le piège. Cependant, il est à présumer que c’était une retraite provisoire, adoptée pour une partie de la nuit, et que Siméon comptait laisser maman Coralie aux mains de sa complice et se mettre en quête d’un refuge définitif, d’une prison. Mais heureusement — et de cela je conçois quelque fierté — Ya-Bon était là. Ya-Bon, perdu dans l’obscurité, veillait de son banc. Il dut voir ces gens traverser le quai, et, sans