Page:Leblanc - Le triangle d'or, paru dans Le Journal, du 20 mai au 26 juil 1917.djvu/250

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tie ? Un coup de maître, les Mémoires de Franklin !… Connaissant mon arrivée, il s’est dit : « Arsène Lupin ? Voilà un gaillard dangereux, capable de débrouiller l’affaire et de me mettre dans sa poche ainsi que les sacs d’or. Pour me débarrasser de lui, un seul moyen : faire en sorte qu’il s’élance sur la vraie piste, et d’un tel élan qu’il ne s’aperçoive pas de la minute psychologique où la vraie piste devient une fausse piste. » Hein ? Est-ce fort cela ? Et alors, c’est le volume de Franklin tendu comme un appât, c’est la page qui s’ouvre toute seule, à l’endroit voulu, c’est mon inévitable et facile découverte de la canalisation, c’est le fil d’Ariane qui m’est offert en toute obligeance et que je suis docilement, conduit par la main même de Siméon, depuis la cave jusqu’au chantier Berthou.

» Et, jusque-là, tout est bien. Mais à partir de là, attention ! Au chantier Berthou, personne. Seulement, à côté, une péniche, donc une possibilité de renseignement, donc la certitude que je me renseignerai. Et je me renseigne. Et une fois renseigné, je suis perdu.

— Mais alors, cet homme ?…

— Eh ! oui, un complice de Siméon, lequel Siméon, se doutant bien qu’il serait suivi jusqu’à la gare Saint-Lazare, me fait ainsi donner par deux fois la direction de Mantes.

»  À Mantes, la comédie continue.

» La Belle-Hélène passe, avec la double charge de Siméon et des sacs d’or ; nous courons après la Belle-Hélène. Bien entendu, sur la Belle-Hélène, rien, ni Siméon, ni sacs d’or. « Courez donc après le Chamois. Nous avons transbordé tout cela sur le Chamois. »

» Nous courons après le Chamois, jusqu’à Rouen, jusqu’au Havre, jusqu’au