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— D’un chargement que nous avions fait à Paris il y a deux jours.

— Des sacs ?

— Oui.

— De quoi ?

— Nous ne savons pas. On nous payait bien. Ça suffisait.

— Et où est-il, ce chargement ?

— Nous l’avons passé la nuit dernière à un petit vapeur qui nous a accosté en aval de Poissy.

— Le nom de ce vapeur ?

— Le Chamois. Six hommes d’équipage.

— Et où est-il ?

— En avant. Il filait vite. Il doit être plus loin que Rouen. Siméon Diodokis va le rejoindre.

— Depuis quand connaissez-vous Siméon Diodokis ?

— C’était la première fois qu’on le voyait. Mais on le savait au service de M. Essarès.

— Ah ! vous avez travaillé pour M. Essarès ?

— Plusieurs fois… Le même travail et le même voyage.

— Il vous faisait venir au moyen d’un signal ?

— Une vieille cheminée d’usine qu’il allumait.

— Toujours des sacs ?

— Oui, des sacs. On ne savait pas quoi. Il payait bien.

Patrice n’en demanda pas davantage. En hâte il redescendit dans sa barque, regagna la rive et trouva don Luis attablé devant un souper confortable.

— Vite, dit-il. La cargaison est à bord d’un vapeur, le Chamois, que nous rattraperons entre Rouen et le Havre.

Don Luis se leva et tendit à l’officier un paquet enveloppé de papier blanc.

— Voilà deux sandwiches, mon capitaine.