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— En ce cas, il fallait le prendre au collet.

— Et après ? À quoi cela m’aurait-il servi ? L’aurais-je contraint à parler ? Non, c’est en le laissant libre que je le tiendrai le mieux. C’est alors qu’il se perdra. Vous voyez bien, le voilà déjà qui rôde autour de la maison, au lieu de filer. Et puis, j’avais mieux à faire, vous secourir d’abord tous les deux… s’il en était temps encore. Ya-Bon et moi, nous avons donc galopé jusqu’à la porte du pavillon. Elle était ouverte, mais l’autre, celle de l’escalier, était fermée à clef et au verrou. Je tirai les deux verrous, et ce fut un jeu pour nous de forcer la serrure.

»  Alors, rien qu’à l’odeur du gaz, j’ai compris. Siméon avait dû brancher un vieux compteur sur quelque conduite extérieure, probablement celle qui alimente les réverbères de la ruelle, et il vous asphyxiait. Il ne nous restait plus qu’à vous sortir tous les deux et à vous donner les soins habituels, massages, tractions, etc. Vous étiez sauvés.

Patrice demanda :

— Sans doute a-t-il enlevé toute son installation de mort ?

— Non. Il se réservait évidemment de revenir et de mettre tout en ordre, afin que son intervention ne pût être établie et que l’on crût à votre suicide… suicide mystérieux, décès sans cause apparente, bref, le même drame qu’autrefois, entre votre père et la mère de maman Coralie.

— Vous savez donc ?…

— Eh quoi, n’ai-je pas des yeux pour lire ? Et l’inscription du mur, les révélations de votre père ? J’en sais autant que vous, mon capitaine… et peut-être davantage.

— Davantage ?