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Patrice était stupéfait. Il avait complètement oublié la proposition de Ya-Bon et l’autorisation distraite qu’il avait donnée au Sénégalais de faire appel au fameux aventurier. Et voilà qu’Arsène Lupin était là devant lui, et voilà qu’Arsène Lupin, d’un seul effort de sa volonté, par un miracle incroyable, l’avait retiré, ainsi que Coralie, du fond même de leur cercueil hermétiquement clos.

Il lui tendit la main et prononça :

— Merci.

— Chut ! dit don Luis gaiement. Pas de merci ! Une bonne poignée de main, ça suffit. Et l’on peut me serrer la main, croyez-le, mon capitaine. Si j’ai sur la conscience quelques peccadilles, j’ai commis en revanche un certain nombre de bonnes actions qui doivent me gagner l’estime des honnêtes gens… à commencer par la mienne. Donc…

Il s’interrompit de nouveau, sembla réfléchir, et, tout en prenant Patrice par un des boutons de son dolman, il articula :

— Ne bougez pas… on nous espionne…

— Mais qui ?

— Quelqu’un qui se trouve sur le quai, tout au bout du jardin… Le mur n’est pas haut. Il y a une grille en dessus. On regarde à travers les barreaux de cette grille et on cherche à nous voir.

— Comment le savez-vous ? Vous tournez le dos au quai, et il y a les arbres en plus.

— Écoutez.

— Je n’entends rien de spécial.

— Si, le bruit d’un moteur… le moteur d’une auto arrêtée. Or, que ferait une auto