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l’homme fut debout et sa figure s’éclaira d’un sourire.

— Excusez-moi, mon capitaine, mais ma vie est si remplie que, quand j’ai quelques minutes, j’en profite pour dormir… n’importe où… comme Napoléon, n’est-ce pas ? Mon Dieu, oui, cette petite ressemblance n’est pas pour me déplaire… Mais c’est assez parler de moi. Et vous, mon capitaine, comment ça va-t-il ? Et madame « maman Coralie », son indisposition est finie ? Je n’ai pas cru, après avoir ouvert les portes et vous avoir transportés dehors, qu’il fût utile de vous éveiller. J’étais tranquille, j’avais fait le nécessaire. Vous respiriez tous les deux. Le bon air pur se chargerait du reste.

Il s’interrompit, et, devant l’attitude interloquée de Patrice, son sourire fit place à un rire joyeux.

— Ah ! j’oubliais, vous ne me connaissez pas ? C’est vrai, la lettre que je vous ai écrite a été interceptée. Il faut donc que je me présente don Luis Perenna, d’une vieille famille espagnole, noblesse authentique, papiers en règle…

Son rire redoubla.

— Mais je vois que cela ne vous dit rien. Sans doute, Ya-Bon m’aura désigné autrement quand il écrivait mon nom sur le mur de cette rue, il y a une quinzaine de jours, un soir ? Ah ! ah ! vous commencez à comprendre… Ma foi, oui, le monsieur que vous appeliez à votre secours… Dois-je prononcer le nom tout crûment ?… Allons-y, mon capitaine. Donc, pour vous servir, Arsène Lupin.