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Alors, et seulement alors, Patrice se rendit compte nettement que Coralie et lui avaient échappé à la mort, qu’ils étaient bien vivants tous deux, et que leur sauveur ce devait être cet homme dont le sommeil indiquait un état de sécurité absolue et de conscience satisfaite.

Il l’examina. Mince, les épaules larges, le teint mat, une fine moustache aux lèvres, quelques cheveux gris aux tempes, l’inconnu semblait avoir tout au plus une cinquantaine d’années. La coupe de ses vêtements indiquait un grand souci d’élégance. Patrice se pencha et regarda le titre du volume : Les Mémoires de Benjamin Franklin. Il lut aussi les initiales qui ornaient la coiffe d’un chapeau posé sur l’herbe : L. P.

- C’est lui qui m’a sauvé, se dit Patrice, je le reconnais. Il nous a transportés tous les deux hors de l’atelier et il nous a soignés. Mais comment un tel miracle s’est-il produit ? Qui nous l’a envoyé ?

Il lui frappa l’épaule. Tout de suite,