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pas désespérer… Jusqu’au dernier moment, le salut est possible.

Il dégagea une de ses mains et braqua son revolver sur la clarté qui filtrait par des interstices autour de la lucarne. Il tira trois fois. Ils entendirent le craquement du bois et le ricanement de l’ennemi. Mais le volet devait être doublé de métal, car aucune fente ne se produisit.

Et tout de suite, d’ailleurs, les interstices furent bouchés, et ils se rendirent compte que l’ennemi exécutait le même travail qu’il avait accompli autour des fenêtres et des portes. Cela fut assez long et dut être fait minutieusement. Puis il y eut un autre travail qui compléta le premier. L’ennemi cloua le volet contre le châssis de la lucarne.

Bruit épouvantable ! Les coups de marteau étaient légers et rapides, mais comme ils pénétraient profondément en leur cerveau ! C’était leur cercueil que l’on clouait, leur grand cercueil qui faisait peser sur eux un couvercle clos hermétiquement. Plus d’espoir ! Plus de secours possible ! Chaque coup de marteau renforçait la prison noire et multipliait les obstacles, élevant, entre le monde et eux, des murs qu’aucune puissance humaine ne pouvait renverser.

— Patrice, bégaya Coralie, j’ai peur… Oh ! ces coups me font mal.

Elle défaillait entre les bras de Patrice. Il sentait que des pleurs coulaient sur ses joues.

L’œuvre s’achevait cependant là-haut.