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quet, il montra les poings au démon invisible qui se moquait de lui. Mais subitement, après quelques gestes dans le vide, il fut immobilisé. Quelque chose comme un voile épais avait glissé là-haut. Et c’était l’obscurité.

Il comprit. L’ennemi avait rabattu sur la lucarne un volet qui la recouvrait entièrement.

— Patrice ! Patrice cria Coralie que les ténèbres affolaient et qui perdit toute sa force d’âme. Patrice ! Où es-tu, mon Patrice ? Ah ! j’ai peur… Où es-tu ?

Alors, ils se cherchèrent à tâtons, comme des aveugles, et rien ne leur avait paru encore plus affreux que d’être égarés dans cette nuit impitoyable.

— Patrice ! Où es-tu, mon Patrice ?

Leurs mains se heurtèrent, les pauvres mains glacées de Coralie, et celles de Patrice que la fièvre rendait brûlantes, et elles se pressaient les unes contre les autres, s’enlaçaient et s’agrippaient, comme si elles eussent été les signes palpables de leur existence.

— Ah ! ne me quitte pas, mon Patrice, implorait la jeune femme.

— Je suis là, répondit-il, ne crains rien… on ne peut pas nous séparer.

Elle balbutia :

— On ne peut pas nous séparer, tu as raison… nous sommes dans notre tombeau.

Et le mot était si terrible, et Coralie le prononça d’une voix si douloureuse, que Patrice eut un sursaut de révolte.

— Mais non !… Que dis-tu ? Il ne faut