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Elle devinait l’autre événement qui se préparait, et, de fait, comme jadis, la lucarne se souleva davantage… Une main la poussait. Et tout à coup ils virent…

Ils virent une tête qui se glissait sous le châssis entrouvert.

C’était la tête du vieux Siméon.

En vérité, ce qu’ils virent ne les étonna pas outre mesure. Que ce fût celui-là plutôt qu’un autre qui les persécutait, cela ne pouvait pas leur paraître extraordinaire, puisque celui-là était mêlé à leur existence depuis quelques semaines comme un acteur au drame qui se joue. Quoi qu’ils fissent, ils le retrouvaient toujours et partout, remplissant son rôle mystérieux et incompréhensible. Complice inconscient ? Force aveugle du destin ? Qu’importe il était celui qui agit, qui attaque inlassablement, et contre lequel on ne peut pas se défendre.

Patrice chuchota :

— Le fou… le fou…

Mais Coralie insinua :

— Il n’est peut-être pas fou… Il ne doit pas être fou.

Elle tremblait, secouée par un frisson interminable.

Là-haut, l’homme les regardait, caché derrière ses lunettes jaunes sans qu’aucune expression de haine ou de joie satisfaite parût sur son visage impassible.

— Coralie, dit Patrice, à voix basse… laisse-toi faire… viens…

Il la poussait doucement, en ayant l’air de la soutenir et de la conduire vers un fauteuil. En réalité, il n’avait qu’une idée, se rapprocher de la table sur laquelle il avait posé son revolver, saisir cette arme et tirer.

Siméon ne bougeait pas, pareil à quelque génie du mal venu pour déchaîner la tem-