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avaient prévu le destin tragique qui leur était réservé, et le père de Patrice et la mère de Coralie connaissaient le danger qu’ils couraient en venant dans ce pavillon.

Restait à savoir si le père de Patrice avait pu exécuter son projet.

Entre les deux fenêtres, il y avait, comme tout autour de la pièce, un lambris de bois verni, surmonté, à la hauteur de deux mètres, d’une corniche. Au-dessus de la corniche, c’était le simple mur de plâtre. Patrice et Coralie avaient déjà remarqué, sans y porter une attention particulière, que le lambris, à cet endroit, semblait avoir été refait, le vernis des planches n’ayant pas la même teinte uniforme. Patrice se servit comme d’un ciseau d’un des chenets, démolit la corniche et souleva la première planche.

Elle se cassa aisément. Sous cette planche, sur le plâtre même du mur, il y avait des lignes écrites.

— C’est le même procédé que, depuis, emploie le vieux Siméon. Écrire sur les murs, puis recouvrir de bois ou de plâtre.

Il cassa le haut des autres planches, et, de la sorte, plusieurs lignes complètes apparurent, lignes tracées au crayon, hâtivement, et que le temps avait fortement altérées.

Avec quelle émotion Patrice les déchiffra ! Son père les avait écrites au moment où la mort rôdait autour de lui. Quelques heures plus tard, il ne vivait plus. C’était le témoignage de son agonie, et peut-être son imprécation contre l’ennemi qui le tuait et qui tuait sa bien-aimée.

Il lut à demi-voix :

« J’écris ceci pour que le dessein du bandit ne puisse s’exécuter jusqu’au bout et pour assurer son châtiment. Sans doute allons-nous mourir, Coralie et moi, mais du moins nous ne mourrons pas