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« Mon Patrice bien-aimé, j’ai couru jusqu’ici ce matin pour revivre notre vie d’hier et pour rêver à notre vie de tantôt. Comme tu arriveras avant moi, tu liras ces lignes. Tu liras que je t’aime… »

Et, sur un autre livre :

« Ma Coralie bien-aimée,

»  Tu viens de partir, je ne te verrai pas avant demain, et je ne veux pas quitter le refuge où notre amour a goûté tant de joies, sans te dire, une fois de plus… »

Ils feuilletèrent ainsi la plupart des livres, n’y trouvant d’ailleurs, au lieu des indications qu’ils cherchaient, que de la tendresse et de la passion.

Et plus de deux heures s’écoulèrent dans l’attente et dans le tourment de ce qui pouvait survenir.

— Rien, dit Patrice, il n’y aura rien. Et voilà peut-être le plus redoutable, car si rien ne se produit, c’est que nous sommes condamnés à ne pas sortir d’ici. Et en ce cas…

La conclusion de la phrase que Patrice n’achevait point, Coralie la comprit, et ils eurent ensemble cette vision de la mort par la faim qui semblait les menacer. Mais Patrice s’écria :

— Non, non, nous n’avons pas à craindre cela. Non. Pour que des gens de notre âge