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recherches, ils n’en découvrirent point. Les murailles rendaient partout le même son. Sous le tapis, qu’ils défirent, c’était du carrelage, dont les carreaux n’offraient rien d’anormal.

Décidément, il n’y avait que la porte, et, comme ils ne pouvaient empêcher qu’on l’ouvrît, puisqu’elle s’ouvrait vers l’extérieur, ils accumulèrent devant elle la plupart des meubles de la pièce, formant ainsi une barricade qui les mettait à l’abri d’une surprise.

Puis Patrice arma ses deux revolvers, et les plaça bien en vue, près de lui.

— Comme cela, dit-il, nous sommes tranquilles. Tout ennemi qui se présente est un homme mort.

Mais le souvenir du passé pesait sur eux de tout son poids formidable. Toutes leurs paroles et toutes leurs actions, d’autres les avaient déjà dites et déjà accomplies, dans des conditions analogues, avec les mêmes pensées et les mêmes appréhensions. Le père de Patrice avait dû préparer ses armes. La mère de Coralie avait dû joindre les mains et prier. Tous deux ensemble, ils avaient barricadé la porte, et, tous deux ensemble, interrogé les murs et soulevé le tapis.

Quelle angoisse que celle qui se double d’une angoisse pareille !

Pour chasser l’horrible idée, ils feuilletèrent les livres, romans et brochures que leurs parents avaient lus. Sur certaines pages, en fin de chapitre ou en fin de volume, des lignes étaient écrites. C’étaient des lettres que le père de Patrice et la mère de Coralie s’écrivaient.