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— Retournons, Coralie.

Elle lui saisit le bras, et la voix ferme :

— Marchons. Je veux prier. La prière me fera du bien.

Hardiment, elle suivit le petit sentier transversal que sa mère avait suivi et monta parmi les herbes folles et les branches envahissantes. Ils laissèrent le pavillon sur leur gauche et gagnèrent le cloître de verdure où reposaient leurs parents. Et tout de suite, au premier regard, ils virent que la vingtième couronne était là.

— Siméon est venu, dit Patrice. L’instinct, plus fort que tout, l’a obligé à venir. Il ne doit pas être loin d’ici.

Tandis que Coralie s’agenouillait, il chercha autour du cloître, et descendit jusqu’à la moitié du jardin. Mais Siméon demeurait invisible. Il ne restait plus qu’à visiter le pavillon, et c’était évidemment un acte redoutable dont ils retardèrent l’accomplissement, sinon par crainte, du moins par l’espèce de frayeur sacrée que l’on éprouve à pénétrer dans un lieu de mort et de crime.

Ce fut encore la jeune femme qui donna le signal de l’action.

— Venez, dit-elle.

Patrice ne savait comment ils entreraient dans le pavillon dont les fenêtres et les issues lui avaient toutes paru fermées. Mais, en approchant, ils constatèrent que la porte de derrière, sur la cour, était grande ouverte, et ils pensèrent aussitôt que Siméon les attendait à l’intérieur.

Il était exactement dix heures quand ils franchirent le seuil du pavillon. Un petit vestibule conduisait d’un côté à une cuisine, de l’autre à une chambre. En face, ce devait être la pièce principale. La porte en était entrebâillée et Coralie balbutia :

— C’est ici que la chose a dû avoir lieu… autrefois.