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qui l’avait soutenu. Au fond, il se rendait compte que toute sa comédie relativement à la mort supposée de maman Coralie était de valeur médiocre, et qu’un homme de la taille de son ennemi avait bien pu ne pas s’y laisser prendre. Assez déconcerté, il était sur le point de s’endormir, lorsque le même craquement eut lieu au même endroit.

Le besoin d’agir le fit sauter du lit. Il alluma. Tout semblait dans le même ordre. Nulle trace d’une présence étrangère.

— Allons, se dit Patrice, décidément je ne suis pas de force. L’ennemi aura deviné mes desseins et flairé le piège qui lui était tendu. Dormons, il n’y aura rien cette nuit.

Il n’y eut, en effet, aucune alerte.

Le lendemain, en examinant sa fenêtre, il remarquait que tout le long de la façade du jardin une corniche de pierre courait au-dessus du rez-de-chaussée, assez large pour qu’un homme pût y marcher en se retenant aux balcons et aux gouttières.

Il visita toutes les pièces auxquelles cette corniche donnait accès. L’une d’elles était la chambre du vieux Siméon.

— Il n’a pas bougé de là ? demanda-t-il aux deux soldats chargés de la surveillance.

— C’est à croire, mon capitaine. En tout cas, nous ne lui avons pas ouvert la porte.

Patrice entra, et, sans s’occuper du bonhomme, lequel fumait toujours sa pipe éteinte, il fouilla la chambre, avec cette arrière-pensée qu’elle pouvait servir de refuge à l’ennemi.