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Et, comme ils s’exclamaient :

— Silence ! commanda-t-il. Vous méritez des coups de bâton. Je vous pardonne à une condition, c’est que, durant toute cette soirée et toute cette nuit, vous parliez de maman Coralie comme si elle était morte.

L’un d’eux protesta :

— Mais à qui parler, mon capitaine ? Il n’y a personne ici.

— Il y a quelqu’un, bougre d’idiot, puisque maman Coralie et Ya-Bon ont été attaqués. À moins que ce ne soit par vous… Non ? Alors… Et puis, trêve de bêtises ! Il ne s’agit pas de parler à d’autres personnes, mais de parler entre vous… et même d’y penser dans le secret de votre conscience. On vous écoute, on vous épie, on entend ce que vous dites et l’on devine ce que vous ne dites pas. Donc, jusqu’à demain, maman Coralie ne sortira pas de sa chambre. On veillera sur elle à tour de rôle. Les autres se coucheront, sitôt après le dîner. Pas d’allées et venues dans la maison. Le silence.