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irréparables. Il lui semblait que la figure de Coralie n’avait pas la pâleur de la mort. Et, de fait, la jeune femme respirait.

— Elle n’est pas morte… Elle n’est pas morte, se dit Patrice. Elle ne mourra pas, j’en suis sûr… et Ya-Bon non plus… Le coup est manqué.

Il desserra la cordelette.

Au bout de quelques secondes, la jeune femme respirait largement et reprenait connaissance. Elle lui sourit.

Mais aussitôt, se souvenant, elle le saisit de ses deux bras, si faibles encore, et lui dit, d’une voix tremblante :

— Oh ! Patrice, j’ai peur… j’ai peur pour vous…

— Peur de quoi, Coralie ? Quel est le misérable ?…

— Je ne l’ai pas vu… Il avait éteint… et il m’a prise à la gorge tout de suite, et il m’a dit à voix basse : « Toi d’abord… cette nuit ce sera le tour de ton amant… » Oh ! Patrice, j’ai peur pour vous… J’ai peur pour toi, Patrice…



XI.

Vers le gouffre

La décision de Patrice fut immédiate. Il transporta la jeune femme sur son lit et la pria de ne pas bouger et de ne pas appeler. Puis il s’assura que Ya-Bon n’était pas blessé grièvement. Enfin, il sonna violemment, faisant vibrer tous les timbres qui communiquaient avec les postes placés par lui en divers endroits de la maison.

Les hommes arrivèrent en hâte. Il leur dit :

— Vous n’êtes que des brutes. Quelqu’un a pénétré ici. Maman Coralie et Ya-Bon ont failli être tués…